(2025)
Inde 
«Le dessein qui le guidait n’était pas impossible bien que surnaturel.»
La lumière grignote peu à peu l’obscurité. Un nouveau jour se lève sur cette terre encore inconnue. L’air était lourd. Une couche épaisse de pollution et de particules flottait, irritant ma peau et mes narines. Mes sens étaient en alerte. Je reniflais comme un chien cherchant à saisir chaque odeur nouvelle.
Ici, la nature et l’urbanité coexistent. Elles s’entremêlent comme des racines qui cherchent leur chemin entre les pierres. La végétation s’infiltre partout, s’accroche aux fissures du monde construit, comme si elle cherchait à le reprendre.
L’Inde semble flotter entre le réel et le rêve. Tout semble habité d’une présence ancienne, prête à ressurgir.
C’est au cœur de ce vertige que ma lecture de Les Ruines circulaires de Jorge Luis Borges m’est apparue comme un miroir troublant. Dans cette nouvelle, un homme s’installe dans un temple en ruine au cœur de la jungle pour accomplir une étrange mission : créer un être humain uniquement par la force de son rêve. Nuit après nuit, il façonne cet être jusqu’à lui donner une existence autonome. Mais à la fin, il découvre qu’il est lui-même le rêve d’un autre
Comme ce rêveur cherchant à matérialiser son être rêvé, je poursuis une quête de l’insaisissable. Capturer cet entre-deux où l’image photographique devient une passerelle vers l’indicible. L’œuvre de Borges plonge dans un cercle mental. L’Inde, m’apparaît comme un Kalachakra. Une roue cosmique où passé, présent et futur s’enlacent. Où apparition et effacement se répondent et se confondent.
L’Inde, terre de vie et de mort, devient ici une matrice initiatique. Un labyrinthe sans commencement ni fin. Chaque image est une porte vers un ailleurs, où réalité et mirage ne font qu’un.
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